Croisière Nordique 2017 (10)
Dimanche 13 août – La journée avait bien commencé : avant de larguer les amarres vers 8h20, nous avions préparé la grand’voile pour une longue traversée vers l’Allemagne, avec 16 nœuds de vent au travers. A la sortie du chenal de Gedser, nous devons nous rendre à l’évidence : la traversée se fera au moteur, avec 16 nœuds de vent dans le nez, et dans une mer hachée de courtes vagues. On avait pourtant juré qu’on ne nous y reprendrait plus… Nous avons un peu de peine à digérer notre petit déjeuner, et la cabine du bateau est très inconfortable. Si deux gros nuages noirs ont la décence d’éviter notre route, le soleil et le ciel devenu bleu ne nous incitent pas à nous débarrasser de nos cirés qui nous protègent du vent froid et des embruns. Trois heures plus tard, les parcs d’éoliennes qui longent pratiquement toute la côte sud de l’île danoise de Lolland commencent à s’estomper à notre bâbord, tandis que les contours de l’île allemande de Fehmarn commencent à se préciser, droit devant. Le vent commence à faiblir, les vagues s’allongent et se calment un peu, avec un impact appréciable sur la vitesse du bateau et sur notre confort à bord ; il devient possible d’aller à l’avant du bateau pour affaler le pavillon de courtoisie danois et le remplacer par l’allemand sans trop se mouiller. Nous longeons l’île de Fehmarn par le sud, passons sous le pont qui la relie au continent, et nous dirigeons vers le port d’Heiligenhafen, où nous amarrons vers 15h45… par un temps splendide, et avec beaucoup d’animation sur les pontons en ce dimanche soir.
Lundi 14 août – Nous quittons Heiligenhafen peu avant 9h, pour une navigation ensoleillée et calme ; pas de vent aujourd’hui, nous progressons au moteur vers le fjord de Kiel que nous atteignons peu avant 14h. Nous décidons de ne pas nous arrêter en si bon chemin, et de continuer jusqu’à Rendsburg, première étape possible sur le « NordOstsee kanaal ». Nous atteignons l’écluse d’entrée dans le canal à Holtenau vers 14h30. De ce côté-ci du canal, les écluses réservées aux bateaux de plaisance sont en « réfection » depuis des années ; une des écluses « professionnelle » est ouverte, mais nous sommes informés par VHF que nous ne pouvons pas y entrer. Nous attendons une heure que deux cargos rejoignent l’écluse et viennent s’y amarrer, et pouvons enfin y entrer à notre tour pour quitter la mer Baltique. Vers 19h, nous atteignons le port de Rendsburg où beaucoup de places sont encore disponibles.
Mardi 15 août – Jour spécial pour le capitaine qui fête aujourd’hui son anniversaire. Suivant les recommandations de nos amis de Tylligreig, nous entamons la journée par le « captain’s breakfast » servi à la terrasse du restaurant du port. Nous nous installons à une table pour 4 personnes, à peine suffisante pour accueillir tous les plats : petits pains divers, œufs brouillés, saumon fumé, charcuteries diverses, salades typiquement allemandes, plusieurs sortes de fromages, confitures, et, pour bien digérer, corbeille de fruits frais. Nous faisons honneur au repas, mais sauterons le lunch… Un peu de shopping, un peu de repos, une promenade en ville (photo 70) et dans le parc attenant à la marina (photo 71), et, finalement, une soirée au resto animeront cette journée pleine de soleil.
Mercredi 16 août – Nous nous amarrons vers 7h30 au « ponton fuel » pour être servis les premiers, à l’arrivée de la « havenmeisterin » à 8h. Nous quittons Rendsburg vers 8h15, avec un réservoir plein, et un sachet de pistolets croquants que nous avons commandés la veille. Nous déjeunons en navigation, sur le canal où nous croisons relativement peu de cargos ; le soleil est toujours au rendez-vous. Nous arrivons à Brunsbuttel peu avant 14h, l’écluse pour plaisanciers est ouverte à notre arrivée, et nous en sortons 25 minutes plus tard pour remonter l’Elbe. Nous sommes à l’heure de courant maximum, notre vitesse varie entre 8 et 10 nœuds et nous atteignons Cuxhaven à la sortie de l’Elbe vers 16h15. Ici aussi, nous avons le choix des places à quai.
Jeudi 17 août – Nous quittons Cuxhaven peu après 7h, pour une longue étape de 66 milles vers l’île de Norderney. La grand’voile est prête à être hissée, mais notre premier bord contourne les bancs de sable dans l’estuaire de l’Elbe vers le nord, et nous déroulons le génois pour profiter du vent du sud. D’abord très faible, le vent forcit un peu, et lorsque nous sommes dégagés des bancs, nous hissons la voile (avec 1 ris, ça va forcir) et partons au travers avec 16 nœuds de vent. Tandis que notre trajectoire passe lentement de l’ouest au sud-ouest, la direction du vent passe du sud au sud-ouest ; nous déroulons et enroulons le génois, larguons puis reprenons le ris, bordons les voiles et nous retrouvons au près serré. Vers 15h30, notre belle journée de voile se termine, le vent vient presque de face, nous affalons et continuons au moteur ; le vent forcit et le bateau tape dans les vagues ; quelques averses viennent ajouter à notre inconfort. Nous sommes soulagés d’arriver au port de Norderney vers 18 heures.
Vendredi 18, samedi 19 et dimanche 20 – Trois jours de vent d’ouest (de face pour nos prochaines étapes), force 5 sur l’échelle de Beaufort : pas un temps à mettre Shenandoah dehors. Nous nous installons donc à Norderney pour 3 jours. Vendredi, le temps reste sec, et nous en profitons pour faire des provisions. Samedi, en début d’après-midi, une violente averse inaugure une période de pluie qui durera jusqu’à dimanche soir. Peu de mouvement dans le port, seuls les ferrys entrent et sortent (photo 72). La plage reste déserte, les « strandkorven » (paniers de plage) (photo 73) on l’air abandonnés. Pas de ballade dans les dunes, ni d’expédition au village cette année. Nous restons sagement à bord en compagnie de nos derniers livres.