TAVERNE - AUTOUR D'UN VERRE... - l'hélice est lasse (saison 2)


le 15/12/2013 11:06
par Gabguy57

L’hélice est lasse.  Il y a un truc tout con pour tester ses motivations de futur marin itinérant c’est de prendre la mer au mois de décembre, si possible dans un coin où les voileux  préparent leurs futures exploits devant une cheminée  et d’aller tâter de ces journées où tu appareilles au petit jour et accostes entre chien et loup. Entre les deux, l’objet est donc d’enfiler les milles en se caillant les miches et en croisant les doigts pour  que les pontons du soir soient dotés du minimum vital, en l’occurrence une alimentation électrique susceptible de te procurer les quelques degrés te permettant de ne pas péter les plombs, au sens propre comme au sens figuré, au bout de deux jours. Quand ton objectif c’est le sud, la Mer du Nord constitue donc le laboratoire idéal. Je m’éloigne du sujet mais fallait bien vous planter le contexte psychologique de cette petite fortune de mer. Ce  matin-là  donc, en compagnie de mon  pote Nez de Land, nous quittons Breskens avec ce que je n’oserai appeler le lever du soleil, tellement il est pâlichon le bougre. Au programme une journée  de moteur pour rejoindre  notre dernière étape de cette croisière de l’avant entamée une semaine plus tôt. Jusque-là, tout baigne, nos vingt-sept chevaux  aidés par le courant font leur boulot et remontent à la moyenne sympathique de 7 nœuds,  malgré une houle courte et hachée,    un petit force 5 tout juste planté sur notre route. Ce sera donc Nieuwpoort, que nous atteignons en milieu d’après-midi, avec dans le collimateur la chaude atmosphère houblonnée du club Housse. Les jetées avec sa cohorte de pêcheurs défilent pendant qu'on affale pas vu qu’on a pas envoyé les voiles et on remonte le chenal couleur d’ambre en glissant langoureusement  sur un plan d’eau enfin apaisé. Le moral est au beau fixe comme le temps sympathique que nous annonce  pour le lendemain notre site météo préféré . Un petit sud pour parcourir la quinzaine de milles qui nous séparent du bercail, par grand soleil et courant favorable, ça ressemblerait presque à une petite balade estivale qu’on se dit le sourire aux lèvres sous nos trois couches de polaires. C’est donc le cœur léger que nous venons tutoyer le ponton visiteur, accostage paisible, de ceux que tu oublierais presque d’installer les aussières, encore quelques mètres, un petit coup de marche arrière histoire de glisser le cul de Chapil sur son bâbord……. Les points de suspensions c’est pour avertir le lecteur qu’il y a un « sauf que » et le « sauf que » c’est.....C'est  que rien ne se passe, ou plutôt si Chaphil continue d’avancer sur erre avec l’air de snober le ponton. C’est pas drôle qu’on se dit, mais la plaisanterie jusque-là n’est pas bien méchante, alors un petit tour et on  recommencera…… hé oui, sauf que….. sauf que la marche avant semble s’être mise aussi de la partie de ce que nous considérons désormais comme une blague de mauvais goût, d’autant que le vent pendant ce temps nous sifflote avec un air narquois un truc   dans le style  « maintenant démerdez vous, moi je fais une pause ». Et c’est ce que l’on fait, nous démerder avec un petit bout de génois qui sans que l’on ait vraiment compris le pourquoi du comment nous fait doucement virer avant de nous ramener vers le ponton. Ouf, on a rien pigé  au film, mais l’honneur est aussi sauf que notre balcon avant venant avec  désinvolture de conter  fleurette à un balcon arrière qui ne lui avait rien demande.  Reste  à identifier les causes de ce bordel. Direction donc le moteur qui va devoir nous expliquer les raisons de son caprice.  Jean Marc plonge dans les entrailles de la bête pendant que je reste à la manette. « Marche avant…. rien….. marche arrière…. Toujours rien…. La carène ne bouge pas d’un iota, les aussières pendouillent langoureusement. -          Et pourtant il tourne, que me lance Jean Marc avec une mine à  t’annoncer une nouvelle dont tu te dis  qu’elle  ne va pas être bonne la nouvelle -          Qu’est qui tourne ? que je demande en subodorant la réponse -          L’arbre Et là, malgré la température qui nous gèlent les neurones une évidence s’impose dans nos regards hébétés, une de ces évidences que t’as pas envie de prononcer, qui t’arrache des merdes et des putains à peine susurrés parce ce que t’as pas envie, mais alors vraiment pas envie de la croire cette enfoirée d’évidence.  Illico tu penses à une solution mais illico ton comparse en frottant ses doigts gelés te ramène  à une seconde évidence sur le ton silencieusement autoritaire  de celui qui en a vu des pas vertes et n’a pas envie d’en
  
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