En pays batave... (2)

SHENANDOHA  en pays batave

Carnet de voyage de Martine et Guy JOLY
juin 2019 - 2 -

(cliquez sur les photos pour les agrandir)

Mardi 2/7 - Nous décidons de rester un jour de plus à Medemblik, pour visiter le musée Néerlandais des machines à vapeur (Nederlands Stoommachinemuseum), fermé le lundi lui aussi. Après le petit déjeuner, nous enfourchons nos vélos et longeons la côte jusqu’au musée, situé au sud de la ville. Il est installé dans le bâtiment qui abritait depuis 1869 (jusqu’en 1971) les pompes, actionnées par des machines à vapeur, qui rejetaient l‘eau des polders dans le Zuiderzee (maintenant l‘Ijsselmeer). Deux chaudières originales ont été conservées; l’une a été remise en état de marche et alimente les machines à vapeur et pompes  successives utilisées sur place, ainsi qu’une multitude d’autres machines à vapeur, le tout rassemblé dans le bâtiment d’origine et parfaitement entretenu. Un des conservateurs (bénévole) nous en explique le fonctionnement, démonstrations à l‘appui. Dans le parc, nous pouvons admirer une série d’anciens véhicules à vapeur de fonctions variées… bref, une visite aussi intéressante qu‘impressionnante. Au retour, nous profitons de la journée à terre pour faire quelques emplettes.

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Mercredi 3/7 - Malgré la route directe de 15 miles établie par le capitaine, à la sortie du port (10h), nous décidons de braver le vent du nord et rejoindre Hindelopen en 3 bords. Un premier bord de près de 11 miles, avec un vent variant de 8 à 12 nœuds, nous amène au large de Stavoren. Nous virons alors vers le large pour un court bord de 2 miles, avant de re-virer et atteindre Hindelopen vers 13h45, après 7 miles au travers: le vent est passé un peu à l‘ouest et les rafales atteignent 14 nœuds. Nous amarrons à quai dans le vieux port. Le ciel en camaïeux de gris au départ s’est petit à petit orné de larges plages bleues, mais un gros nuage noir nous offre quelques gouttes de pluie à l’arrivée. Nous découvrons l’après-midi une petite ville de Frise pleine de charme, aux ruelles fleuries et aux petits canaux intérieurs accessibles via une écluse manœuvrée à la main par le capitaine du port et son épouse. Le soir, nous nous régalons de « kibbeling », morceaux de poisson frits à la sauce ravigote, un fleuron de la gastronomie des Pays-Bas. Entretemps, le vent a forci, on mesure 16 nœuds à l’intérieur du port.

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Jeudi 4/7 - A 8h15, nous quittons discrètement notre place à quai et nous faufilons dans le chenal de sortie du port pour prendre le cap de l’écluse de Kornwerderzand (ça se prononce comme ça s‘écrit). Le ciel est uniformément bleu au dessus de nos têtes, le vent de face très faible, et les vagues ont déjà oublié le coup de vent de hier: la voile restera aujourd’hui au chaud dans son lazy-bag. Dès notre approche, l’écluse nous ouvre les bras, nous nous pendons à son mur et pouvons bientôt goûter l’eau salée de la mer des Wadden. Il est 10h, le moment parfait pour enfiler la passe d’Harlingen (praticable pour notre tirant d’eau seulement à marée haute) et atteindre la ville avant la marée de 11h40, aidés par le courant. Nous nous amarrons peu avant midi dans la marina intérieure. Shoping et repos sont au programme de l’après-midi.

Vendredi 5/7 - Nous quittons la marina à 9h35, pour la plus courte étape depuis notre départ: nous avons l’intention de visiter Franeker, ville de Frise qui a hébergé la deuxième plus ancienne université du pays (après Leiden) de 1585 à 1811. Six miles et deux pont nous séparent des quais de la ville où nous accostons vers 11h15. En début d’après-midi, nous partons à la découverte de la ville et ses bâtiments célèbres, comme l’hôtel de ville, l’église protestante St Martin (Martinikerk), le Kruisherenklooster (cloître qui fut le premier bâtiment de l’université), la bibliothèque, le planétarium … et le plus vieux café étudiant du pays. Le temps est toujours au beau fixe.

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Samedi 6/7 - Avant de quitter Franeker, nous décidons de visiter le plus vieux planétarium du monde encore en fonctionnement. Le planétarium a été fabriqué entre 1774 et 1781 par Eise Eisinga, un cardeur de laine frison, passionné de mathématiques et d’astronomie. Suite à la panique provoquée par un pasteur local qui avait prédit la fin du monde en 1774 sur base de la position prévue des planètes, Eisinger voulait expliquer le fonctionnement du système solaire à ses concitoyens. Il a suspendu son planétarium (à l’échelle d’1 mm pour 1 million de km) au plafond (peint en bleu) de la pièce principale de sa maison. Les planètes connues à l’époque et le soleil sont représentés par des sphères en bois, sculptées et peintes en couleur dorée. Elles se déplacent et occupent leur position exacte par rapport au soleil depuis 1781. L’impressionnant mécanisme de roues et engrenages, visible dans le grenier, est lui aussi réalisé essentiellement en bois avec des aiguilles en fer, et actionné par une horloge à pendule munie de 9 poids. En plus de la position des planètes, le modèle montre aussi l’heure astronomique locale, ainsi que l’heure de lever et coucher du soleil et de la lune. Le musée expose aussi de nombreux instruments d’astronomie. Nous terminons cette très intéressante visite vers midi, et sommes surpris par les trottoirs mouillés et la fine pluie. Nous rentrons au bateau et décidons, plutôt que d’enfiler nos cirés, de remettre notre départ à demain.

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Dimanche 7/7 - Nous quittons les quais de Franeker vers 9h30 sous un ciel mitigé; nuages et plages ensoleillées se succèdent, et des vêtements chauds nous aident à supporter la fraicheur matinale, surtout à la barre. L’attente aux ponts est très limitée et nous atteignons Leeuwarden, la capitale de la Frise, après un peu plus de deux heures. Nous nous amarrons en ville près de l’opéra. Pour découvrir le centre ville l’après midi, nous avons recours au petit train touristique, qui nous offre une visite guidée, tout en évitant une ou deux averses. Nous admirons entre autres le palais de justice, la tour penchée (qui continue à s’enfoncer), le Princessehof, demeure de l’ex régente de la province de Frise à partir de 1731, le bâtiment de la pesée … et la statue de Mata-Hari, originaire de Leeuwarden. Une fin d’après-midi ensoleillée nous attend à notre retour au bateau.

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Lundi 8/7 - La plus belle image qu’on garde de la Staande mastroute entre Leeuwarden et Groningen, c’est celle de la ville de Dokkum, avec ses deux grands moulins à vent, ses rives vertes ondulées et ses petits ponts blancs du centre ville: notre destination d’aujourd’hui ! Nous larguons les amarres à 8h55 pour profiter de la première ouverture des ponts de Leeuwarden. Le canal vers Dokkum serpente à travers les champs et les bois, et est bordée de roseaux et de somptueuses villas. Le trafic est essentiellement touristique, les professionnels préfèrent le canal direct, que la hauteur de notre mât nous interdit. Le temps est gris, et une grosse averse nous arrose en cours de route. Vers 11h15, nous amarrons à quai près d’un des moulins de Dokkum. La ville toute proche invite à la promenade, et le soleil fait quelques apparitions. Une jolie dernière étape en Frise… dont nous aurons visité 5 des 11 villes rendues célèbres par la course de patinage « Elf Steden Tocht », dont la dernière édition a eu lieu en 1997; malgré le réchauffement climatique, les Frisons espèrent que les conditions météo permettront une prochaine édition un de ces hivers…

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Mardi 9/7 - A 9h10, nous prenons la direction du Lauwersmeer, sous un ciel gris, avec une température plutôt  fraîche et un fort vent de face. Ce grand lac aux excroissances tentaculaires qui sépare les provinces de Frise et de Groningen est peu profond et parsemé de petites îles et de petits pontons: un paradis pour la navigation, mais mieux vaut être très attentif au balisage. Après la sortie du Lauwersmeer, nous nous arrêtons à 12h15 dans la marina de Zoutkamp, un ancien port de pêche que nous visiterons demain.

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Mercredi 10/7 - Sous un ciel gris, nous sortons nos vélos pour rejoindre Zoutkamp. Nous longeons les champs et traversons une ancienne écluse pour rejoindre le port intérieur (apparemment le centre touristique local) où sont amarrés quelques voiliers traditionnels et des bateaux de plaisance à moteur. Au musée de la pêche, nous découvrons toutes les facettes de cette activité locale au cours des siècles: pêche de poissons, de crevettes, d’huitres, fumage de poisson, fabrication de chaux à partir des coquillages… Hélas, en 1969, la nouvelle digue de fermeture du Lauwersmeer a supprimé l’accès direct à la mer et obligé les bateaux pêcheurs locaux de s’exiler dans le port de mer de Lauwersoog. Depuis la tempête meurtrière de 1953, le projet de construction de cette digue avait été un point de discorde entre la province de Frise, qui désirait protéger ses terres des futures tempêtes et contrôler le niveau de ses canaux intérieurs, et la province de Groningen qui désirait maintenir sur place l’entreprise florissante de la pêche en mer. Après un dernier tour à vélo dans cette petite ville calme, nous revenons au bateau; le thermomètre de bord indique 18° et nous fermons le hayon arrière pour éviter que le vent froid ne souffle dans le carré. Quelques averses arrosent le bateau. Nous songeons même à allumer le chauffage.

                       


Date de création : 12/07/2019 09:01
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